À PROPOS

Alexandre Abyla n’est pas un peintre parmi d’autres. Il est de ceux que l’on ne fabrique pas : il est né avec la lumière au bout des doigts, une âme rivée à la toile, une urgence viscérale de dire, de traduire, de révéler. Depuis plus de quarante ans, il sculpte la peinture comme on sculpte la vérité — sans tricher, sans détour, avec cette brutalité délicate que seuls les artistes sincères osent encore.

Longtemps artisan de la matière, il a façonné les murs, les plafonds, les illusions. Fresques, trompe-l’œil, décors d’époques : il a appris à dompter les styles comme un maître d’arme change de lame. Mais ce n’était là que la première peau. Aujourd’hui, il peint nu. Nu de fioritures, nu de faux-semblants. Il peint pour dire.

Et ce qu’il dit, il le murmure, il le hurle, il le laisse transpirer dans chaque regard féminin, dans chaque fragment de peau, dans chaque geste suspendu. Sa muse — l’éternelle, la vivante, la seule — est le point d’origine. Tout part d’elle, tout y revient. À travers elle, il peint toutes les femmes : souveraines, libres, insolentes, bouleversantes. Il en magnifie les silences, les contradictions, les cris d’amour et d’insoumission.

Son hyperréalisme n’est pas une fin en soi : c’est une arme. Une tension. Une offrande. Un fil tendu entre la beauté et la déchirure. Le spectateur n’observe pas : il est happé, aspiré, contraint d’entrer dans l’intime, de frôler la lumière et l’ambiguïté. Car dans chaque toile, Alexandre Abyla rejoue le sacré. Il convoque l’icône, la déesse, la femme d’aujourd’hui et celle de toujours.

Peindre pour dire. Dire l’indicible, dire l’évidence. Dire l’amour, le corps, la mémoire, la puissance. Dire la femme sans la réduire. Dire le monde sans le trahir. À chaque œuvre, c’est sa vie entière qui monte au front. Et dans le silence de l’atelier, c’est un feu qui brûle encore.